OBJETS "PRE-LOVED"
- annesophiegoblet
- 24 janv. 2023
- 2 min de lecture
Quels liens nous unissent à nos objets ?
Cette question s’est imposée à moi au moment où j’ai quitté la France pour les Etats-Unis, il y a quelques mois. C’est un moment qui m’a amenée à regarder et à éprouver les objets qui faisaient partie de mon quotidien : De quels objets avais-je besoin ? En quoi pouvaient-ils m’aider à recréer ce sentiment si bon « d’être chez soi » ?

C’est ma pêche en marbre qui a gagné sa place pour le voyage. Je me rappelle très précisément notre rencontre, à la sortie de ma visite de la tour Guigini à Lucca, lors d’un voyage en Toscane en 2018. Je me rappelle du moment où je l’ai prise dans mes mains, j’étais fascinée par son toucher duveteux, son poids lourd, ses petites tâches un peu plus soutenues par endroit comme si elle rougissait. Je sentais que cet objet me parlait très intimement. A mon retour de voyage, il a trouvé sa place sur mon bureau. Elle a été témoin de mes premiers travaux d’artiste. Elle a nourri mes contemplations au moment où j’avais besoin de renouveler mon inspiration. Très souvent entre mes mains.
Ma pêche m’a donc suivi aux Etats-Unis, elle est désormais sur mon étagère, à côté des quelques peintures et dessins que j’ai aussi pu ramener de France. Mon bureau est sans objets, tel un espace vide entièrement destiné à accueillir la création. C’est intéressant de voir que sa place a changé, elle continue à veiller sur moi et sur mon travail d’artiste d’un peu plus loin.
Pour continuer l’exploration du lien qui nous unie à nos objets, je souhaiterais vous faire découvrir le travail de deux artistes contemporains Barbara Iweins et Eisa Baddour

Après 11 déménagements et un divorce, cette photographe décide de faire le point sur sa vie en prenant en photo tous les objets que contient sa maison. Au total, 12 795 objets numérotés et répertoriés par couleur, par pièces de la maison, tous accompagnés d’une petite histoire intime. Aucun n’est oublié, même le plus anodin. « Dans la vie chaotique sur lequel je n’ai aucune prise, les objets qui m’entourent sont mes référents stables, ils me protègent ».

Des lettres en bois, emmenées au large par des nageurs, pour former les mots « What a waste of love », « quel gâchis d’amour ». Par sa performance, Eisa Baddour souhaite rendre hommage aux migrants, aux personnes qui quittent leur pays pour une vie meilleure ailleurs, et qui, pendant le voyage, peuvent se retourner sur les rives et penser à tout l’amour laissé derrière elles, à l’amour contenu dans les murs des maisons et des objets qu’elles ont laissé.
Les lettres ont été façonnées dans des bois retrouvés sur les plages, des bois de maisons abandonnées.
Je vous souhaite de tisser de beaux liens à vos objets d’amour,
Anne-Sophie
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